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Histoire de Flémalle :

Droits seigneuriaux du Chapitre Saint-Pierre:

  1. Les droits de pêche et de chasse:
  2. Le droit de pêche et de chasse appartient exclusivement au Seigneur.

    Les "manants" ou les "mansoniers", noms sous lesquels on désignait le peuple, ne pouvaient ni pêcher ni chasser à aucune époque de l'année.

    Le Chapitre louait sa pêche, et sa chasse à un chevalier qui souvent la transmettait à son fils. Celle location devenait ainsi héréditaire. Ce fut le cas pour le droit de pêche du Chapitre à Flémalle.

    Une charte de 1208, nous le confirme:

    "En 1208, Hugues, évêque de Liège fait savoir que l'église Saint-Pierre, à Liège, étant depuis longtemps payée de ses revenus de la pêche de Flémalle tenue héréditairement par Lambert de Flémalle et son fils Thierri, chevalier ...".

    C'est alors que pour mettre fin à cet état de chose le chapitre vendit sa pêche à l'Abbaye du Val-Saint-Lambert :

    "[...] moyennant qu'il sera payé au prévôt de Saint-Pierre 4 sous et au chapitre une demie aime et un demi setier de vin et qu'en acquittant un sens 24 sous au chapitre Saint-Pierre, elle sera exempte de toute obligation."

  3. Les corvées:
  4. Le seigneur (ici le chapitre Saint-Pierre), pouvait exiger des manants une part de leur travail, c'est ce que l'on désigne sous le nom de "corvée".

    Une Chartre du 26 octobre 1403 nous donne une idée de cette coutume. Elle rappelle que les manants doivent faucher le pré de Saint-Pierre situé "aux Chaynes", à Petite-Flémalle huit jours avant et huit jours après la Saint-Jean-Baptiste.

    Dès que le moment de la fenaison est arrivé, les forestiers, véritables gardes-champêtres nommés par le Chapitre, veillent aux biens du Chapitre en se rendant à l'Eglise "au moustier" et en sonnant les cloches pour appeler les manants.

    A ce signal, de chaque maison doit arriver une personne "bien aydauble", c'est-à-dire que ni les enfants ni les vieillards n'étaient admis. Les manants munis soit d'une fourche, soit d'un râteau accourent en toute hâte pour faner le foin.

    Celui qui voudrait se soustraire à ce service serait passible d'une amende. Les personnes du lignage, chevaliers, nobles et riches, sont exempts de cette corvée.

    Lorsque le foin est fané, et mis en dizains, c'est le tour des "masuyers" et "surséans" (les bourgeois) possédant des chariots et des bêtes de trait; ils ont à charge de transporter le foin.

    Sur l'ordre des forestiers, le foin est remisé (mis dans une remise ou grange) dans la "grange du Chapitre" qui se trouvait sur le territoire de Flémalle, ou est conduit à la Meuse.

    Là existait un embarcadère, alors désigné sous le nom de "fosse à Mousse" où se trouvait le bateau du Chapitre. Les forestiers n'avaient plus qu'à transporter le foin jusqu'au rivage de la Sauvenière à Liège. Arrivés là, l'un d'eux allait s'incliner devant le Doyen du Chapitre en lui disant:

    "Saingneurs, vechi vostre four alle Savenir, mandeille." [Seigneurs, votre foin est arrivé au rivage de la Sauvenière, vous pouvez le faire prendre.]

    Dès que le foin est emporté, il est permis aux habitants d'y conduire leurs bêtes, le pré devient commun.

    Les corvées constituaient une charge accablante pour le manant. Celle dont nous venons de parler, n'était pas excessive. Il n'en était pas de même quant il s'agissait de cultiver tout un terrain. Les pièces de terre du Chapitre étaient souvent très étendues. Au XVème siècle, après un accord conclus entre le Chapitre et les représentants de la populations, cet état de chose pris fin.

    Nous avons pour exemple avec un terrain de 15 bonniers qui primitivement était cultivé par corvées tous les lundis de l'année par toutes "les charrues" de l'endroit. Pour mettre fin à ce servage trop dur, les cultivateurs de Flémalle prirent cette terre en héritage à raison de 5 muids de rente "les dois pas espeautre et tirche avoye" [les 2/3 d'épeautre et le tiers d'avoine].

    Les manants offrirent en garantie, c'est-à-dire en caution:

    "septante-cinq bonniers de terre, roches et tailliches appelés "comines" partagés en vingt-cinq "masures" taxées chacune à trois muids neuf deniers, une poule et cinq oeufs."

    NB: Le muid se divisait en 8 setiers. Il valait à peu près 246 litres. (C'est loin du système décimal).

  5. Le bail et le cens:
  6. Il y a eu un autre mode de convention entre le Chapitre et les cultivateurs quelque peu aisés, vu le nombre de terrains "avgues". Le Chapitre concédait ces derniers moyennant un "cens". Sous la forme de l'"acensement", certains cultivateurs acquirent donc la jouissance absolue de la terre.

    Le "cens" était généralement payé en nature, car l'argent était très rare. Le "cens" consistait donc en une partie de la récolte: un certain nombre de setiers d'avoine ou d'épeautre.

    Quand la terre était très fertile, on payait "un fort cens" souvent en poules et oeufs.

    Dans une charte du 27 mai 1426, nous lisons:

    "La maire et les échevins de Flémalle-Haute font savoir que Wathelet, fils de feu Gilbert de Flémalle-Grande a transporte à André de LEYFONTAINE bâtonnier de Saint-Pierre et à Jean Gillon le jeune Flémalle, au nom de la chapelle de Notre-Dame aux Degrés vingt verges de "comines" et un journal de terre en lieu dit "desous les Roiches" joignant à Mathieu PIROULE et à Colin LOMAIR pour une rente de deux setiers, les deux tiers épeautre avoine trois copeis de fort cens et trois copeis de fort cens et trois oeufs de "polaige" à payer au forestier."

    Des accords de ce type sont de plus en plus nombreux. Le petit cultivateur finit alors par posséder non seulement un lopin de terre, mais aussi une maison en échange de laquelle il paye une nouvelle redevance en nature au Chapitre. L'ouvrier agricole devient propriétaire de sa maison, il en dispose à son gré et à sa fantaisie. Celle-ci étant presque toujours bâtie en planche, libre à lui de la démonter et de l'emporter.

    La situation du manant s'améliore petit à petit. Il ressaisit la terre, il n'est déjà plus le serf malheureux d'autrefois, la chose au service du seigneur.

    Voici une charte où il s'agit de la location d'une maison:

    "29 mai 1459

    "La cour des tenants du Chapitre Saint-Pierre fait savoir que Henri HYARD de Flémalle-Haute, a relevé dudit Chapitre une cour, une maison ... situés dans cette localité: joignant vers Meuse alle virre et vers Hesbaye au werixhas moyennant une rente de deux muids d'épeautre et le payement des autres charges."

    A cette époque, un muid se divise en 8 setiers. Il vaux à peu près 246 litres.

  7. Les banalités:
  8. Les banalités étaient un droit en vertu duquel le seigneur pouvait obliger les habitants de sa seigneurie à se servir de son moulin, de son pressoir, de sa grange, de sa brasserie, etc.

    Plus haut, nous avons dit que le Chapitre possédait une grange à Flémalle.

    1. La Grange à blé du seigneur:
    2. C'était dans cette "grange seigneuriale" que le manant devait battre son blé, mais de ce chef il devait abandonner une partie de son grain. Avec son grain le manant devait prendre le chemin du "moulin banal" où moyennant une redevance en farine, il devait faire moudre son grain.

    3. Le Moulin banal:
    4. Les bâtiments de l'ancien moulin banal existent encore début XXème siècle, quelque peut modernisés, comme le dit Léon JEUNEHOMME. A l'époque il se trouvait dans le chemin auquel son nom a été donné: "rue du moulin".

      Cet auteur nous le décrit suite à des témoignages récolté à l'époque.

      "La meule était parallèle à la façade et l'eau venant de Souxhon se recueillait dans un réservoir à proximité de la propriété Borsu et arrivait sur la meule par un chenal placé au-dessus du mur qui à cette époque était en ligne droite avec la façade du moulin. Le moulin fut sans doute banal jusqu'à la révolution française, puis un particulier l'exploita jusqu'en 1845. C'est alors que la houillère "Du Baldaz" dessécha le ruisseau alimentant le moulin. Un procès s'ensuivit et se termina au profit de la houillère."

      L'origine du moulin reste inconnue mais nous pouvons affirmer qu'il existait vers l'an 1400, car une charte du 21 janvier 1416 nous le fait connaître indirectement. Dans la présente charte où il est question de l'héritage d'une maison avec cour et jardin, on stipule : "moyennant un chapon de rente à payer à la cour pour le biiet jadit de molien".

      Ces quelques mots nous en disent suffisamment: la cour prélève une rente pour l'entretien du "biez" (biiet) du moulin.

      Presque 200 ans après, il en est de nouveau question:

      "15 septembre 1573.

      "Construction au profit du chapitre d'une rente sur la maison, usine et liez d'Oneux et octroi d'un biez pour le moulin du Gobson à Flémalle-Haute."

      Les banalités constituaient une charge pour le manant. Nous en trouvons une preuve dans un ouvrage de Mr. de RYCKEL Amédée sur l'histoire de Visé:

      "En 1367, les habitants de Visé, contestèrent aux propriétaires du moulin de leur localité le droit à la banalité. Ils se proclamèrent "francs" sous ce rapport. Les propriétaires prétendirent que tous les manants étaient tenus d'aller moudre à leur moulin à l'exception des "prêtres, chanoines, chevaliers, escuwirs et clercqs notoven". Cette contestation vint devant la haut cour de justice de Liège qui déclara le moulin banal."

    5. La Brasserie:
    6. Il est très probable que Flémalle et les autres communes fusionnées on eut également leur "brasserie banale". La principale devait se trouver sur le territoire de Flémalle-Grande. Mais nous ne possédons aucun renseignement historique à ce sujet, ni au sujet de la présence dans les autres communes.

---- Sources -----

- « Mon Village », par JEUNEHONNE Léon