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Pour le sujet de cette page : n°14: 12/2018

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Edmond BREUCHE de la CROIX :

1. Introduction :

La vie littéraire à Flémalle a été très fournie et remonte au 17ème siècle. La période la plus prospère est le 19ème et le début du 20ième siècle. Nous verrons cette période ultérieurement. Les ouvrages littéraires les plus anciens date du 17ème siècle et proviennent d’une seule personne : Edmond BREUCHE de la CROIX.

2. Origine :

Il se dit né à Liège entre 1595 et 1600 dans une famille noble. Mais aucune trace n’a encore été trouvée. Certains le font naître à Trois. Il est issu d’une famille française et non liégeoise. Madame GILLIS, dans ses travaux , nous dit aussi qu’il entra à l’Oratoire en 1623 et vécu d’abord à Nancy. Il alla achever ses études en Italie.

Il revint à Nancy, c’est là qu’il entretint un lien étroit avec la famille du Prince de LIXHEIM. Il devient prêtre puis aumônier et prédicateur de la duchesse d’ORLEANS, à la cour de France sous la protection du Prince de LIXHEIM. Son séjour à la cour de France ne devait cependant pas être long. Sous le règne du faible Roi de France Louis XIII, le vrai gérant de la royauté était l’ombrageux Cardinal de RICHELIEU.

Vers 1640, BREUCHE de la CROIX eut le malheur d’encourir les soupçons du cardinal de RICHELIEU; on l’accusait d’intrigues et d’intelligences secrètes avec la princesse Henriette de Lorraine. Cette dernière était sœur de Charles IV de LORRAINE et de Marguerite, épouse de Gaston d’ORLEANS frère du Roi.

3. Pasteur des deux Flémals :

Il dut quitter la France et vint se réfugier dans le pays de Liège et se fixa d’abord à Villers-le-Temple, en Condroz, siège d’une commanderie de l’Ordre de Malte. Il était affilié à cet ordre qui le prit sous sa protection, et le pourvut, en 1641 - 1642, de la cure des deux Flémalle, près de Liège. Cette cure dépendait de la dite commanderie. Il y porta alors le surnom de « Pasteur des deux Flémals ».

4. Carrière littéraire :

Pendant toute son sacerdoce à Flémalle, il développa en parallèle une carrière littéraire. En 1641, il dédie sa première œuvre « d’édification » à la Princesse de LORRAINE. Ensuite, il rédigea: « la Vierge souffrante au pié de la Croix ».

Il a déclaré ensuite qu’il a quitté, un peu malgré lui, « le sceptre des rois » pour saisir « la houlette du berger ». Amoureux de la poésie, de la nature et d’une vie simple, il se consacre, à partir de ce moment (1641-1642), à sa paroisse, ses études et ses activités littéraires.

Son premier ouvrage poétique date de 1642 et porte le titre de « Divertissement d’Ergaste » et est publié dans l’anonymat. Cette publication est l’écho de son existence paisible et heureuse à Flémalle. Il semble vivre dans une maison à Flémalle dénommé « l’ancien hôpital des Frères Hospitaliers ».

Vers 1653, il y installa un pensionnat pour jeunes gens issus de la noblesse, qu’il dénomma « l’Académie de Flémal», avec l’aide et le conseil de son voisin le prince de GAVRE, Philippe d’EGMONT, châtelain de Hautepenne.

Cette institution a exercé une grande influence sur la diffusion des lettres françaises en nos cantons.

Ces fonctions pastorales, il les exerce, avec l’aide d’un chapelain, jusqu’en 1662.

BREUCHE de la CROIX est aussi un grand voyageur. Il parcourt la France ou l’Italie. Il séjourne longtemps à Florence ou à Rome. En 1644, dans son œuvre « Paraphrase sur le tableau de Michel-Ange du dernier jugement – plus connu sous le titre Paraphrase » il évoque son impression sur le « jugement de la Sixtine » pour ces contemporains. Ce chef d’œuvre l’avait fortement impressionné. Cette publication plus scientifique est une des principales réalisations de sa période littéraire scientifique avec le dialogue ou opuscule connu sous le titre « De la tranquillité du sage ministre d’Estat ».

Il fut troublé dans ces travaux par un voisin, nommé « de PALANTE », qui, en 1657, lui chercha querelle et vint même assiéger sa maison; mais BREUCHE de la CROIX, en sa qualité de curé de la commune, s’adressa à la haute justice de Liège, qui lui accorda sauvegarde et protection.

Ce n’est que vers 1653, qu’il revient à sa période poétique. Il ressort une seconde édition du « Divertissement » et un ouvrage consacré à son Académie.

5. Retour à la cour du Roi de France :

Après 20 ans comme pasteur, BREUCHE de la CROIX quitta Flémalle pour raison de santé. Il passa la main à Nicolas HEURKIN, moyennant une pension viagère de cinquante ducats. Ceci a été constaté par un certificat du 28 décembre 1661, accordé par le prince-évêque de Liège, Maximilien-Henri de BAVIERE car BREUCHE « désirait se retirer en France pour quelque temps ». Maximilien-Henri de BAVIERE, déclara dans ce certificat, que BREUCHE « a joué un certain rôle politique dans la Principauté de Liège ».

En effet, il était rentré en grâce auprès de la cour de France, et nous lui voyons dès l’année 1657, prendre les titres de conseiller et aumônier du roi très-chrétien. À partir de cette époque, toute trace de son existence nous échappe et il est probable qu’il mourut peu de temps après avoir quitté notre pays.

6. Productions littéraires de BREUCHE de la CROIX :

1° La Vierge souffrante au pié de la croix. Liége, Léonard Streel, 1641, pet. in—4° de 160 pages. —

2° Prières pour les associés en la confrairie de Notre-Dame des Sept Douleurs, en l’église parochiale de Saint-Martin-en-Isle, à Liége. Liège, L. Streel, 1641, pet. in-4° de 38 pages. —

3° De la tranquillité du sage ministre d’Estat, dans les affaires et dans la disgrace. Dialogue. Liège, Jean TOURNAY, 1641, pet. in-4° de 116 pages. Cet ouvrage eut l’honneur d’être réimprimé deux fois par les Elzevier, sous ce titre : Entretiens du sage ministre d’Estat sur l’égalité de sa conduite en faveur et en disgrace. Leiden, chez les Elzevier, 1645 et 1652; pet. in-12. —

4° Le divertissement d’Ergaste. Liège, Bauduin BRONCKART, 1642, in-16 de 71 feuillets non chiffrés, recueil en prose et en vers, contenant pour la première fois, Le malheureux content, poème le plus important de Breuché. —

5° Paraphrase sur le tableau de Michel-Ange du Dernier jugement. Liège, chez Bronckart, 1644, pet. in-4° de 146 pages. Ce livre est le chef-d’œuvre de Breuché. —

6° L’Académie de Flémal au pays de Liege, établie par le sieur Edmond BREUCHE de la CROIX, etc., etc. Liège, B. BRONCKART, 1653. très-pet. in-8° de 142 feuillets non chiffrés. C’est un recueil de prose et de vers. —

7° Maximes du royaume de Jésus. —

8° Deuil de l’univers sur la mort de son roi Jésus-Christ. BREUCHE de la CROIX annonce la publication de ces deux livres dans l’avis de la Paraphrase sur le tableau de Michel-Ange; mais, selon toute apparence, ils sont demeurés inédits.

---- Sources -----

- Le livre à Flémalle : aperçu de l’activité littéraire depuis 1600 et les bibliothèques publiques communales, Ed. Foyer cultuel de Flémalle A.S.B.L. – « LA POEMATHEQUE » A.S.B.L. – Ed. responsable : Francis TESSA, rue du Village, 45 – Flémalle, vers 1985.

- De VILLENFAGNE, Histoire de Spa, t. II, pp. 369-411.

- Revue Belge, t. XXIV, 1843 pp. 5-41.

- Bulletin du Bibliophile Belge, t. XIV, pp. 298-317. Ibid., t. XVII, p. 110, et t. XVIII, pp. 339-340.

- Fleurs des vieux poètes Liégeois, pp. 136-168.

- Le XVIIe siècle : poètes et dramaturges des bords de Meuse et du Hainaut, par DELCROIX Maurice.

- Edmond Breuché de la Croix : sa vie et ses ouvrages, d’Henri HELBIG ; Ed. F. HEUSSNER, librairie ancienne et moderne, Bruxelles, 1858.