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Alunière du Château de Chokier - Alunière Saint-Pierre (FH – Trixhes)
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Les Charbonnages, puits et bures recensées sur Flémalle:
Les mines d'Alun ou Alunières:
Histoire locale liée aux alunières:
Plan de la Vallée des Awirs (1830).
Deux alunières se sont partagé le filon de schiste alunifère sur le territoire d'Awirs TRO CWAHEUR et AIGREMONT.
Toutes deux se trouvaient sur la seigneurie d'Aigremont mais la concession de minerai du TRO CWAHEUR dépendait en partie du seigneur de Haultepenne (Gleixhe) qui était en même temps seigneur de « la moitié supérieure d'Engis ».
Il semblerait que la plus ancienne mention concernant l'alunière du TRO CWAHEUR remonte à 1601. C'est de cette époque en effet que date un contrat d'exploitation où est concerné Robert de LIGNE, alors seigneur d'Aigremont. Ce dernier mandate son châtelain de Haultepenne, Jean de la CHOSTELLERIE, et celui d'Aigremont, Jean GAEN, pour "accorder permission d'extraire soufre, alun couperose et fer, à Pierre NIHOUL et consorts".
Obligation est faite au sieur NIHOUL (1) de conduire ses produits à son usine située au lieu-dit "Neumolin", moyennant "une redevance de 1/28 d'alun, 1/20 de soufre et couperose, et 1/10 de plomb, fer et chalmine". L'acte stipule encore que "les dites marchands commencent a faire besoigner leur uzine le 15 avril 1601". Cette "uzine" est en réalité l'officine de l'alunière qui s'étendait au-dessus du massif calcaire abritant la grotte dite du Trô Cwaheur, cette dernière ayant donné son nom tant à l'alunière qu'à cette portion du village.
L'officine était donc située au lieu-dit Neumolin, entre le moulin Valentin et le Neumolin lui-même (ce dernier a porté successivement les noms de "moulin Gendebien" puis "moulin Bovy" mais s'appelait déjà "Neumolin" dès 1435).
En 1603, dans un acte de partage de divers biens, on note "...reportation de Gérard fis Anthoine MALPAS à Toussaint ANSEAU et Wilkin PIROTTE de mollin alle farinne et az papis, soierie âs planches, cop d'eawe, uzine à faire alun platinnerie, maison, jardin, prairies et toutes leurs appartenances séant sous la haulteur d'eingis". (2)
La confirmation quant à l'implantation de l'usine nous est encore fournie dans un autre acte daté de 1605 où le seigneur d'Aigremont accorde concession à Jacques AUX BREBIS et Wilkin PIROTTE, marchands d'alun à Liège, qui vont mettre en marche une "uzine à faire alun au lieu-dit marteal sous Aigremont" (3).
L'usine démarre effectivement le 15 avril 1606. Jacques AUX BREBIS et Wilkin PIROTTE ne la conserveront pas longtemps car, en 1621, elle passe dans les mains de Gilles FOURNEAU (4).
Cette même année 1621, Jean Jacques de BELGIOJOSO, seigneur de Chokier, intente un procès à Gilles FOURNEAU parce que les cendres de son usine emplissent les biefs de son moulin.
Il faut savoir que le moulin banal de Chokier était l'ancien moulin COLLIN, situé en aval du Marteau, à la limite Awirs-Engis, derrière les anciens abattoirs. (5)
L'industrie de l'alun devait être rentable car, tout au long des années qui vont suivre, on verra souvent s'affronter dans d'interminables procès les protagonistes du début.
C'est ainsi qu'en 1622, les frères Jean et Henri NIHOUL sont accusés par le Prince de LIGNE d'avoir détourné à leur profit des "charrées d'alun" destinées à son intendant, le châtelain Jean CAEN.
En 1628 apparaît un fait nouveau: Gilles FOURNEAU se propose de dresser "un engin avec mollin et rues pour tirez et épuiser les dites eawes". Cette expression curieuse annonce l'arrivée, sur le ruisseau d'Awirs, d'un engin encore plus curieux, et gigantesque. Il s'agit d'une énorme pompe mue par des roues (rues) établies sur le ruisseau dans le but d'extraire les eaux souterraines qui envahissaient les ouvrages et arrêtaient leur progression. Or, dans ce "fond de Neumolin" fonctionnaient déjà deux moulins à eau: Neumolin et le Marteau, desservis par le même bief. L'industrie de l'alun, toute importante qu'elle était par les revenus qu'elle procurait, ne pouvait se permettre de nuire à la meunerie qui existait à cet endroit depuis le début du XIIème siècle (6).
L'année suivante, donc en 1629, on trouve un nommé Jean DENGIS qui autorise "le passage de wères vers la haute-awirs pour faire tourner les pompes a effet de travailler aux chalmines sous la hauteur d'engis". Les pièces de bois commencent donc à arriver sur le chantier. Et dans un autre acte: "ils auront estés encore convenable d'entreprendre sous la conduite et invention d'un bon espert et estranger de dresser un mollin avec rues pour pompes tirez et espuiser les eawes et xhorrer le bassinage". Les pompes dont il est. question semblent donc devoir remplir deux fonctions: tirer les eaux des puits d'extraction et xhorrer le bassinage.
Remarquons que dans cet acte de 1629 on ne cite pas l'alunière de Trô Cwaheur mais celle d’Aigremont. Il est possible que le scribe ait confondu les deux, l'une et l'autre étant sur la juridiction d'Aigremont. D'autre part, il est malaisé d'affirmer que l'alunière d'Aigremont était déjà en activité à cette époque.
Plus tard, c'est-à-dire entre 1629 et 1644, un deuxième engin sera installé de l'autre cote du ruisseau. Ceci est confirmé en 1643: « au lieu nommé gros bushon ils pourront dresser une rue a faire tourner engin ou instrument pour explulser les eawes et xhorrer le bassinaige ».
Nous avons la preuve de l'existence de ces deux engins dans un récit que fit James HOPE, un Anglais voyageant dans la région liégeoise dans le but de visiter les industries locales et s'initier ainsi à diverses techniques pour lesquelles les Wallons étaient passés maîtres. James Hope arrive le mercredi 29 avril 1646 "a une lieue de Jonky (Chokier) à côté du château d'Engremont (Aigremont) tout près d'un ruisselet affluent de la Meuse où il visite les alunières dont l'eau est évacuée par des pompes et des moulins à eau - un de chaque côté du ruisseau...". Le carnet de route de James Hope est précis: en 1646, il existe bien deux engins aux Awirs. Ils appartiennent à l'industrie de l'alun et desservent deux alunières, celle de "troc a hur", comme il l'écrit, et, celle d'Aigremont, en face.
Situation au XVIIème siècle.
Revenons à l'officine construite vers 1600 pour les besoins de Trâ Cwaheur. Elle fut également utilisée plus tard par l'alunière d'Aigremont. En effet, en 1633 "l'usine de Trô Cwaheur se trouve aux mains d'Amel delle GARDE de DIEU, de Hubart son frère et de VALANTE Benoît, et Jacques AUX BREBIS établit alors un contrat avec Grégoire GAEN (d’Aigremont) et Marie ROUGRAFF son épouse afin que ces derniers lui livrent de l'alun à son usine de Trô Cwaheur en dessous du château d'Aigremont".
Nous apprenons ensuite que l'usine "est à 3 chaudières et 4 si peut se faire" et "les époux GAEN devront faire alun belle et blanche recevable aux dires des cognoisseurs et constituée en bons tonneaux livrer a la cité de liège". Pour ce faire, les époux GAEN reçoivent 1600 florins de la part du sieur BREBIS. Voilà qui prouve que l'usine de Trô Cwaheur est utilisée également par les gens du seigneur d'Aigremont.
Si l'année 1646 est importante par la visite de James HOPE, elle l'est également par la mort de Gilles FOURNEAU dont la fille, Marthe, va reprendre la direction des parts de son père jusqu'en 1689, année de sa mort, sans laisser de descendance.
La seconde moitié du XVIième siècle va se dérouler sans faits saillants si ce n'est la création, en bord de Meuse, d'un "rivage Fourneau" ou "rivage Fornea", soit un quai d'embarquement des produits de l'officine de Neumolin à destination de Liège, et réservé à Fourneau.
Les actes de cette époque portent toujours les mêmes noms qu'auparavant car le passage devant, notaire est obligatoire lorsqu'il y a modification dans la répartition des parts. C'est ainsi que Anne Marie ROUGRAFF apparaît en 1669 dans un procès qu'elle intente à Jacques NIHOUL, ce dernier ayant "fait arrêter les chaudières et ustensiles servant à l'ouvrage de Trô Cwaheur".
Avant d'aborder le XVIIIème siècle, il convient de se pencher sur ce qu'était la seigneurie d'Aigremont entre 1640 et 1715.
En 1640, Albert de LIGNE ayant engagé (hypothéqué) la seigneurie d'Aigremont, il en fut dessaisi par les notaires LEFEVRE et NIVOLARA qui la conservèrent jusqu'en 1663, année de son acquisition par Mathias de GRADY, alors bourgmestre de Liège. Elle fut de nouveau reprise en 1690 par Nivolara pour finalement aboutir entre les mains de Mathias CLERCX en 1715. Toutes ces tribulations eurent évidemment une influence néfaste sur les industries locales, dont les alunières. C'est, là l'origine des nombreuses péripéties judiciaires et notariales entre les concessionnaires des alunières d'une part et les autres propriétaires (NIHOUL, MEDART, PIROTTE...) d'autre part. Les uns et les autres utilisant la même force motrice unique, c'est-à-dire le ruisseau des Awirs, les contestations étaient inévitables.
L'arrivée de Mathias CLERCX allait faire évoluer les esprits vers un sens plus positif.
CLERCX est un homme d'église, riche, puissant, archidiacre du Condroz, chanoine tréfoncier de la cathédrale St Lambert. Ses titres ne se comptent. plus et lorsqu'il rachète Aigremont et ses créances, c'est dans le but de faire fructifier son domaine. Après quelques années consacrées à la construction de son nouveau château (de 1716 à 1727), il s'occupe efficacement des industries locales qui seront pour lui une source de revenus non négligeables.
Dès 1731, il accorde à la veuve du sieur Gilles FOURNEAU, "maîtresse de plusieurs ouvrages d'alun dans la juridiction d'Aigremont", l'autorisation de "renettoyer et renfoncer quelques vieux bures pour voir s'il n'y aurait pas encore des terres à travailler dans les bures du seigneur moyennant de laisser une serre (16) de 7 toises pour les sentiers des canaux, bures et chemin du seigneur". En outre, elle ne pourra "ni fader, ni mettre ses cuves sur les terres du dite seigneur et sera obligée de remettre ses immondices dans les fondrisses et devra préférer la main-d'oeuvre des manants de M. Clercx à toute autre étrangère aux lieux".
M. CLERCX traite également avec l'alunière voisine, celle du Bois des Moines sur Hozémont, dont les exploitants voudraient foncer des bures sur Awirs, vers la Crâne et le Trokay. Les relations entre M. CLERCX et Bois des Moines ne seront pas toujours des plus cordiales et un procès les opposera en 1740 au sujet de « cens d'areine » (8). Les maîtres du Bois des Moines, pour éviter les frais importants qu'entraînerait le creusement d'une areine, auraient voulu utiliser "illicitement" celle de M. CLERCX. Or, ce dernier accorde de l'importance aux revenus que lui procurent ses areines d'Aigremont et Trô Cwaheur, ce qui l'oppose souvent aux divers exploitants. En 1740 encore, il s'attaque aux maîtres de Trô Cwaheur et Gibouhis parce que les eaux de leur alunière se jettent. dans "son" ruisseau et que les concessionnaires ne prétendent pas payer leur cens. M. CLERCX exige donc la centième livre d'alun comme redevance et, d'autre part, il discute avec la veuve Fourneau qui s'engage à lui payer la 30ème charrée. d'alun lorsqu'elle travaille sur sa juridiction et la centième livre (1%) quand elle est en dehors.
Pendant ce temps, en 1735, l'usine de Neumolin étant en mauvais état, on décide de la reconstruire, au même endroit. Dans cette opération on voit intervenir les mêmes personnages qu'auparavant, soit M. CLERCX et NIHOUL, mais aussi un greffier des Awirs, Gabriel ROME, ainsi qu'un nommé COLETTE, tous deux associés aux ouvrages de Trô Cwaheur et qui se déclarent disposés à « foire besoigner l'uzine ». Mais ils trouvent utile de faire appel à un connaisseur local en la matière, le sieur DOSQUET, qui possède des ouvrages sur Engis, commune dont il est le maire (le juge).
En 1741, de nouveaux conflits surgissent entre M. CLERCX et l'alunière de Gibouhis, proche de Trô Cwaheur, qui déverse ses eaux dans le ruisseau des Awirs sans payer de redevance.
Vers 1741 encore, un sieur FOURNEAU ayant amené des schistes alumineux sur la juridiction de M.CLERCX, il s'ensuivra une série de problèmes pour s'en débarrasser. Mathias CLERCX décède en 1744. C'est Jean Michel Guillaume de CLERCX son petit-neveu, qui devient seigneur d'Aigremont. Ce dernier, en 1751, décide de vendre ces fameux schistes pour 425 florins à Rome et Coune, exploitants du Trô Cwaheur, mais les héritiers de FOURNEAU n'appréciant pas la proposition, ils intentent un procès. En 1762, les discussions à propos de ces "vieilles terres" ne sont pas encore terminées. Or, depuis 21 ans qu'ils sont exposés à tous les vents, ces schistes sont devenus stériles. Jean Michel G. CLERCX propose alors à la communauté d'Awirs d'estimer leur valeur et de les vendre car ils encombrent sa juridiction (9).
En 1763, à la suite du décès des concessionnaires ROME et COUNE, leurs veuves et héritières décident de céder Trô Cwaheur à Jean Michel G. CLERCX. Et on voit resurgir dans l'acte de cession, les fameuses "terres" déposées "alle chauchie", à la chaussée, soit près des actuels fours à chaux.
L'acte de fusion entre Trô Cwaheur et Aigremont est enfin signé le 6 juin 1765 devant le notaire Laurent.
Jean Michel Guillaume CLERCX décède en 1779. En 1780, sa veuve, Marguerite de HAYME, aimerait faire placer une machine d'exhaure à Trô Cwaheur pour "continuer l'ouvrage que son cher mari a acquis". En effet, depuis 1749, les travaux à Trô Cwaheur étaient arrêtés par les eaux. Les veuves ROME et COUNE préfèrent vendre l'exploitation devenue sans intérêt pour elles, à une personne suffisamment riche pour envisager le placement de cette machine.
Quant à la deuxième pompe, celle qui épuise les ouvrages d'Aigremont, elle semble toujours en activité car, régulièrement, on trouve des "notes de frais pour l'engin", émanant de Jean Michel G. CLERCX. Par exemple en 1763 "trois crettes" (10) pour la pompe de l'usine".
En outre, la nouvelle officine de Neumolin a subi de grosses réparations en 1764. Une importante facture à l'attention d'un entrepreneur nommé Posson fait état de
• 32 taques pesant 12.551 livres (environ 6 tonnes).
• une chaudière en plomb avec ses barreaux, demi-taques, risteaux et barres pesant 21.475 livres.
• une chapine de. 20 pieds pour le puits.
• quatre pieds de bois pour la rapaire.
• 88 livres d’acier de Hongrie
• 171 livrees de fer aremberg
- pour avoir fait des ferrailles au gibet du puits
- pour avoir livré une platine pour faire la fournure à l’usine
- pour 12 accroches pour attacher la forme pesant 31 livres
- pour 3 palettes pour liguer le sable pesant 5 livres
- pour avoir fait un tocfeu
- pour un rave de chaudière pesant 110 livres ½
- pour un thirer et y mettre quatre livres de fer
- pour un stry pour mettre aux poudres de l’usine
L'usine d'Aigremont est donc bien saine et rentable. Il est vrai que depuis 1706, année de la fusion Houlbouse-Aigremont, cette dernière n'a pas cessé de s'étendre, reprenant encore Bois des Moines puis Trô Cwaheur, ce qui représente un filon allant des Fagnes à Engis jusqu'à l'entrée de Flémalle-Haute, soit à peu près 3 km. Ces fusions étaient facilitées par le fait que, les petites exploitations étant envahies par les eaux, il leur en coûtait trop de faire installer des pompes d'exhaure efficaces. Seul, un seigneur financièrement puissant, comme CLERCX, pouvait se permettre de grosses dépenses.
L' exploitation' du schiste alunifère se continuera donc dans ces diverses entreprises sous l'appellation générale d'alunière d'Aigremont. On trouve des preuves d'exploitation en 1767, 1769 et 1770. Là, il semble qu'un arrêt assez long soit intervenu car on n'a plus d'actes importants jusqu'en 1793, année où il est mentionné 104 ouvriers travaillant aux alunières de CLERCX, y compris Bois des Moines et "usine mâge".
En 1792, la veuve GRAINDORGE et son fils sont contraints à la vente de "l'usine delle chaucie" (officine de Neumolin) suite à des arriérés non payés. Lors de cette liquidation, apparaissent "un chaudron de 6.000 livres, une cuve de 20.000 livres, une autre de 12.000 livres, six pièces de fer servant à un fourneau, le faux-fond de la grande cuve, ...". L'usine semble toujours en bon état.
En 1799, les exploitations de Trô Cwaheur et Gibouhis sont arrêtées et définitivement abandonnées.
Mais cette fin du XVIIIème siècle est également marquée par deux événements importants: la Révolution Française de 1789 et la Révolution Liégeoise de 1792. Les petits seigneurs locaux, comme CLERCX, doivent alors "rendre des comptes" à la nouvelle autorité qui ne s'embarrasse pas de ces petits dieux du terroir jusqu'alors tout puissants dans leur domaine.
Nous voilà donc englobés dans le "Département de l'Ourte". Un préfet et des commissaires sont chargés d'établir un relevé des revenus de chaque entreprise. Lorsque le préfet se présente à Aigremont, c'est pour s'entendre dire par Jean Guillaume CLERCX (fils du précédent) que "les salaires sont à peine couverts par le montant des ventes". Faudrait-il considérer CLERCX comme un philanthrope? Le préfet n'en croit rien et, dès 1813, il décide de mieux surveiller les comptes de l'alunière.
En juillet 1810, un incendie ravage la hutte qui couvre le bure contenant la pompe de l'engin. Tous les bois et combustibles y entreposés (pour une valeur de 5.975 frs) sont détruits.
CLERCX entreprend la reconstruction et dès décembre 1813, la finition est assurée.
En attendant, Aigremont produit. On y trouve des résultats positifs en 1807, 1810, 1811, 1812 (où 105 ouvriers sont occupés ainsi que 10 "privés") et 1813.
En 1816, cessation momentanée des ventes qui serait due à un problème commercial.
Tout en continuant d'exploiter, les concessionnaires "gèlent" leurs produits en attendant une solution. Cette situation va se prolonger jusqu'en 1830 mais ceci ne signifie pas que l'alunière chôme complètement car on trouve des preuves d'activité. C'est ainsi qu'en 1825, l'engin de l'alunière d'Aigremont est démonté par le messager REDELLE. Or il avait été monté en 1804, mis en activité en 1805, et avait coûté plus de 3.000 florins.
En octobre 1827, Jean Michel Mathias de CLERCX (neveu du précédent) paie à la Députation Permanente les frais d'affichage relatifs à une demande en concession de mines d'alun. Cependant, la même année, le démontage de l'engin continue. C'est ainsi qu'en mars, le menuisier LIBON, des Awirs, "enlève la charpente de la hutte à l'ouvrage d'alun d'Aigremont", et la même année, Armand PLUMIER, également des Awirs, est "occupé pendant 40 journées à retirer du bois hors du bure d'extraction" (ce bure était situé à l'entrée du sentier qui va du château vers la ruelle des 16 pieds).
A cette époque, le filon de schiste alunifère devait encore être rentable car en 1830, une autorisation de la Députation Permanente permet à Jean Michel de CLERCX de "jouir de la mine qu'il exploita jusqu'en 1816".
Plan de la concession de l'Alunière d'Aigremont.
Mines et usines 2è direction, 5è district, N° Bornement
L'an 1855, le 10 juillet
Procès-verbal d'abornement de la concession de mine d'alun d'Aigremont, appartenant au sieur J.M. de CLERCX de WAROUX.
Je soussigné, Edouard DEFIZE, aspirant ingénieur des mines, dument assermenté, de résidence à Liège, déclare avoir procédé dans la journée du 5 courant, par suite de la délégation de Me RADOUX, ingénieur du 5è district, a l'abornement de la concession de la mine d'alun d'Aigremont, accordée par arrêté royal du 25 juin 1852 et s'étendant sous la commune des Awirs.
Cet abornement a eu lieu en présence du propriétaire de la mine, le Sieur J.M. de CLERCX de WAROUX, des Awirs et du Sieur H. CARPENTIER directeur de la mine de houille de Sart d'Avette, située sur la même commune, au moyen de quatre bornes en pierre calcaire, qui ont une hauteur totale de 0,70m et qui sont terminées par une pyramide quadrangulaire tronquée, ayant 0,20m de côté au sommet et 0,40m a la base. Les signes suivants sont tracés en creux de manière a êtres facilement lus sur les faces de la pyramide: sur la 1ère face "Con"; sur la 2è "Aig"; sur la 3è "N°" et sur la 4è face 1,2,3, ou 4 d'après le n° de placement de la borne. Ils signifient concession d'Aigremont numéro 1,2, 3 ou 4.
Les bornes ont été plantées comme suit :
La borne N° 1 contre une terre de Marianne JADOUL épouse de Joseph KAK, à l'intersection des chemins des Fagnes et de Bovrai, à l'endroit dit Bouhisse, au lieu d'être plantée au centre du carrefour.
La borne N° 2 à un angle Nord Est du bois d'Aigremont, appartenant au propriétaire de la mine et à l'intersection d'un chemin qui va de la Crâne vers le bois St Remacle et d'un autre se dirigeant vers le bois des moines.
La borne N° 3 contre une terre appartenant à Mr de CLERCX et portant le N° 294 sur le plan cadastral et à l'intersection du chemin de la Crâne précité portant le N° 92 sur le plan des chemins vicinaux et d'un autre sentier se dirigeant vers une ancienne usine du bois des moines au lieu d'être plantée au centre de l'intersection.
La borne N° 4 a gauche du chemin de Bovrai à 240m vers le Sud de la borne N° 1 et contre une terrain vague appartenant la commune d'Engis.
Elle aurait du être plantée dans l'axe du chemin.
Au moyen de ces quatre bornes il sera toujours facile de retracer la concession susmentionnée en réunissant les N° 1, 2, 3 par des lignes droites et en remontant le chemin de Bovrai sur une longueur de 240m depuis le N° 3 jusqu'au N° 1.
E. Defize
En 1837, Jean Michel de CLERCX s'oppose à une demande de concession s'étendant sous sa juridiction, introduite par Mme de SERDOBIN et la Comtesse LOISON (héritières de la terre de Chokier) car, dit-il, "les anciens propriétaires de la terre d'Aigremont possédaient déjà au XVIème siècle l'alunière d'Aigremont" et il estime avoir sur cette éventuelle concession des droits ministrables.
Il faut aussi savoir que, depuis 1740, Bois des Moines-Chokier est démergée par une xhorre qui conduit ses eaux dans l'areine d'Aigremont, ce qui n'est pas sans intérêt pour les de CLERCX. En effet, dès 1731, on trouve: "rendage par l'écolâtre CLERCX pour 1/30 de l'usine Mâge".
Les concessions de Chokier, Bois des Moines et Aigremont vont se régulariser en 1838 et l'exploitation continuera.
En 1852, Jean Michel de CLERCX procède à un nouvel abornement de sa concession qui s'étend depuis le chemin des Fagnes à Engis jusqu'à la limite de sa juridiction vers l'Est, c'est-à-dire l'enclave de Stavelot.
L'alunière d'Aigremont cessera toute activité en 1867.
E. Defize
---- Notes -----
1. Les NIHOUL étaient non seulement propriétaires-meuniers du Neumolin mais ils possédaient en outre les terrains environnants qu'ils partageaient avec les seigneurs d’Awirs (à cette époque, les de Ligne).
2. (Le moulin à farine qui est également à papiers et scierie aux planches, c'est le moulin du Marteau, actuellement Valentin. - La platinerie, sorte de laminoir métaux, jouxtait ce moulin. - Le "cop d'eawe" = "le coup d'eau" du ruisseau, c'est-à-dire le bief, alors seule force motrice disponible mais indispensable.)
L'usine à faire l'alun est comprise dans la portion de terrain située en aval de Neumolin où se trouvent également les maisons d'habitation, jardins et prairies, avec sentiers et chemins d'accès appelés ici "appartenances" Tout ce territoire s'étend sous le Thier Ardent et la colline du Marteau, lesquels font partie de "la hauteur d'Engis").
3. Selon le scribe, le lieu-dit "Marteau" ou "marteal" est localisé sous Aigremont ou sous Engis, mais il s'agit du même endroit).
4. Il n'est d'ailleurs pas impossible que Jacques aux Brebis ait conservé une part d'intérêts dans l'affaire car on le retrouvera encore plus tard dans de nombreux actes et contrats relatifs à cette alunière.
5. Il devint par la suite l'usine de lessiveuses "La Prodigieuse".
6. 3 moulins dont 2 banaux: le moulin Collin pour Chokier et le Neumoulin pour la Basse Awir).
7. Espace non exploité.
8. Les utilisateurs d'une areine appartenant à un autre propriétaire devaient payer une redevance, un cens.
9. Il aurait peut-être pu y penser plus tôt.
10. Bagues en fer cerclant un moyeu.
---- Sources -----
- Industries Liégeoises : Les Alunières à Flémalle et dans la vallée de la Meuse, Ed. Commission Historique de Flemalle - 1992