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Fort de Flémalle:
13 mai 1940: quatrième jour de guerre:
Le lundi 13 mai à 6h30 du matin la position des MiCAs est violemment attaquée à la mitrailleuse et au canon. Cette attaque coûtera à la garnison sa première victime. L’Adjudant CSLR MONJOIE est blessé d’une balle dans le pied. Les soldats GREGOIRE, KELLENS, PARENT, VANSTRAELEN sont également blessés tandis que l’infirmier GOOSENS est tué, fauché par des balles de mitrailleuses alors qu’il soignait un de ses camarades blessés. Immédiatement averti par téléphone, nous déléguons l’aumônier LENNIERS qui, sous le couvert de la croix rouge, se rendra à la position avec les brancardiers TABURIAUX, MAHIAT, DELHALLE, et RENARD, pour relever les blessés. Dès leur départ, les communications téléphoniques entre le Fort et les MiCAs sont coupées. Nous apprenons par l’aumônier lui-même qui est revenu au Fort qu’il lui est impossible de remplir momentanément sa mission parce que, arrivé à hauteur du Saillant IV, son détachement, constitué conformément aux conventions internationales, a été pris sous le feu de mitrailleuses ennemies tirant de plusieurs côtés à la fois. Les brancardiers ont dû se terrer dans un fossé. L’un d’eux, TABURIAUX, est blessé à la main. L’aumônier n’a pu regagner le Fort qu’en rampant. Des renseignements fournis par lui quant à l’emplacement des mitrailleuses ennemies, il résulte que celles-ci se trouvent dans un fossé qui longe la route de Mons-Crotteux entre le fort et la tour d’air ainsi que dans la baraque située à proximité du terrain de football de Souxhon et dans une maison au deuxième coude de la route de Mons-Crotteux (actuellement rue des Priesses, ndlr) et à la centrale électrique. Il apparaît dès ce moment que la tour d’air va constituer au cours de la défense rapprochée un excellent observatoire, tout au moins en direction des hauteurs de Mons, d’où il semble que l’attaque va surtout venir. Aussi, le Lieutenant DELHAIRE, officier des services intérieurs, et le Lieutenant DEFRAICHEUX, officier des services extérieurs, rentré au Fort, sont-ils désignés pour assurer, à tour de rôle et en permanence la surveillance à cet endroit. Les mitrailleuses ennemies repérées par l’aumônier sont signalées aux officiers de tir et aux chefs de coupoles. Elles sont immédiatement contre-battues et réduites au silence par nos 75 et les FM de la tour. Le Mdl COENEN a été particulièrement actif au cours de cette action.
Rue des Priesses, une maison porte encore les traces de ces tirs…
Traces de tirs (© Coll. "Fort de Flémalle")
Entretemps, à la demande du Commandant, l’aumônier repart, accompagné du Brigadier MATRICHE et des soldats ONCKELINX et POELMANS, lesquels sont désignés pour renforcer l’équipe des MiCAs. L’aumônier a pour mission de gagner l’emplacement par le chemin de ronde du Fort, en empruntant la direction opposée à celle d’où venaient les coups. Puis, un détachement dirigé par les Brigadiers OGER etMASSIN reçoit l’ordre d’explorer des MiCAs et de rétablir les communications téléphoniques avec celles-ci. Ce détachement arriva sur les lieux en même temps que le groupe de l’aumônier. Entretemps les brancardiers qui avaient été pris sous le feu de l’ennemi avaient, eux aussi, rejoint la position, et procédaient à l’évacuation de l’infirmier tué et des blessés. Les soldats Kellens, Parent, Vanstraelen avaient pu, par leurs propres moyens, gagner des maisons proches de Souxhon.
Cette attaque des MiCAs a duré jusque 9 heures, Le Mdl ORY s’y est particulièrement distingué. Après cet épisode, il est procédé à une réorganisation du personnel des MiCAs dont le commandement est remis au Mdl ORY.
A 13 heures, le lieutenant THIRY est envoyé en inspection aux MiCAs. Pendant sa présence à la position, celles-ci prennent sous leur feu des avions de reconnaissance ennemis qui, toute l’après-midi, viennent survoler le Fort. Les coupoles de 75 sont toujours alertées, elles interviennent notamment contre un détachement d’infanterie encadrant un char de combat descendant la route de Mons vers le fort. Les fantassins ennemis sont immédiatement dispersés et le char est obligé de rebrousser chemin. La coupole de 150 entre également en action, et, de 14 à 16 heures elle effectue des tirs d’interdiction d’une durée d’une heure chacun sur les carrefours de Hermée et de Oupeye tandis que les MiCAs, la coupole de MiLg et les FM de la tour d’air tirent sur des isolés.
A 16 heures le POC, les MiCAs et la tour d’air signalent une colonne cycliste ennemie en marche sur la route allant de « l’Arbre Saint Michel » aux Trixhes. Ce détachement est immédiatement pris sous le feu des coupoles de 75 des saillants III et IV. La formation ennemie est dispersée par ces tirs. Elle est reprise sous notre feu chaque fois qu’elle tente de se reformer. Ce qui en échappe parvient à se regrouper à la faveur d’un pli de terrain, mais l’ennemi apparait soudain au carrefour des Trixhes. Il est accueilli par les feux nourris de la coupole MiLg. Un nouvel objectif avait entretemps été signalé aux coupoles de 75. En effet, l’emplacement des MiCAs est à nouveau pris sous le feu de mitrailleuses et d’artillerie légère, probablement de 37mm. Le Lieutenant THIRY repère l’emplacement de ces pièces en lisière d’un bois. Le feu est immédiatement ouvert, et l’ennemi cesse son tir. Puis, le Lieutenant DELHAIRE, de service à la tour, signale deux colonnes d’infanterie, fortes chacune d’une cinquantaine d’hommes, descendant de Mons et se dirigeant à travers champs vers la tour. Les FM de la tour entrent en action contre cet objectif et forcent l’ennemi à se coller par terre. Nous continuons à tirer sur lui avec précision. Des fantassins allemands se replient en courant vers les maisons qui bordent la route de la centrale électrique. Un tir d’artillerie est immédiatement enclenché sur eux. L’ennemi est délogé et remonte précipitamment sur Mons, toujours sous le feu des coupoles. Puis les maisons situées à l’entrée du village où l’ennemi s’était retiré furent prises sous le feu de nos 75. Tous ces tirs furent particulièrement efficaces, nos observateurs apercevant de nombreux blessés et tués sur le terrain.
La tour signale ensuite une reconnaissance de cavalerie sur la route de Mons aux Trixhes, à hauteur de « l’Arbre St Michel ». Elle est dispersée dès le premier coup de 75. Quelques coups sont encore déclenchés sur la centrale électrique et sur les bosquets d’où l’ennemi intervient à nouveau contre les MiCas. Puis l’activité de l’ennemi se ralentit et il en résulte une période plus calme. On en profite pour envoyer une patrouille explorer les abords de la centrale et les divers objectifs battus, tandis qu’un soldat se rend à Flémalle, alerte la Croix-Rouge pour l’évacuation des blessés. Le bruit des canons avait éveillé l’attention des habitants. Ceux-ci, d’initiative, s’étaient déjà mis en rapport avec la Croix-Rouge. Aussi voyons-nous arriver au Fort une ambulance précédée d’une auto arborant le drapeau de Genève. Les occupants déclarent avoir été envoyés au fort par les habitants de Jemeppe qui croyaient qu’il devait y avoir de nombreux blessés.
Vers 18h on procède à une relève du personnel des MiCAs. Celles-ci ne seront plus occupées que par un effectif réduit, mené par le Mdl ORY et le Brigadier MATRICHE. Le Lieutenant THIRY reçoit ordre de rentrer au Fort. Les patrouilles commencées alternativement par le Mdl KIMMES et par les Brigadiers MASSIN, OGER, VAN VORDEN et FREDERIC, continuent à servir régulièrement. L’une d’elles ramène à 20 heures un individu suspect. Après interrogatoire et examen des papiers, il est envoyé sous escorte à la police locale pour complément d’enquête. On croyait profiter de l’accalmie pour inhumer le soldat GOOSENS sur le glacis. Mais à chaque tentative de creuser la tombe, l’ennemi reprenait ses tirs. Aussi décide-t-on d’abandonner cette idée. Durant cette fin de journée, des missions furent également dévouées aux pièces de 105. Celles-ci doivent interdire le carrefour de la route de Liège à Hollogne avec la route de Odeur à Amay, où des sections de PAK 37mm avaient été signalées par nos reconnaissances. La coupole de 150 interdisait de 20 à 23 heures le pont d’Argenteau.
A la nuit tombante, ordre est donné au personnel des MiCAs de rentrer au Fort, mais tout mouvement est impossible car, à chaque tentative, l’ennemi balaie l’emplacement d’un feu nourri de mitrailleuses. Les endroits d’où proviennent ces feux sont immédiatement battus par les coupoles de 75 qui forment un véritable barrage par le feu de saillants II, III et IV. Seul le Mdl ORY parvient à rejoindre le fort, et dès lors on est sans nouvelles du Brigadier MATRICHE et des hommes ; les communications téléphoniques avec la position restent sans réponse. Le Lieutenant Hougardy et le soldat Picqueray se rendent vers 23 heures dans les barbelés proches de la position, mais les appels restent vains.
Durant cette fin de journée, de 20h à la tombée de la nuit, le Fort est bombardé par du matériel de gros calibre, du 210 probablement. Des renseignements permettent de situer l’emplacement des pièces ennemies du côté de Rengissart, emplacement sur lequel seront déclenchés des tirs sur zone. Avant la tombée de la nuit, la batterie devient muette.
Durant la nuit, les abords du Fort restent calmes. Mais le personnel des coffres continue à faire preuve de la plus grande vigilance, tandis que 5 postes de guetteurs doubles placés sur le massif et armés chacun d’un FM ont pour mission de prévenir toute surprise. Vers 23h, la coupole de 150 effectue un tir d’interdiction sur l’agglomération de Viemme où nos reconnaissances signalent un parc ennemi et la présence de nombreux éléments blindés. Puis la 150 prend sous son feu l’église des Aineffes où est renseigné un dépôt de munitions.
C’est ce lundi que le PO de « Toutes voies » nous signale qu’il abandonne son poste, celui-ci étant sur le point d’être occupé par l’ennemi.
Sources : Récit du "Fort de Flémalle"
---- Notes -----
Nous vous invitons à visiter le Fort de Flémalle et à visiter son site internet Le Site du Fort de Flémalle.